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Quiche à l’izquierda

Quiche à l’izquierda

Moi vous le savez, je suis un malade de l’évier propre. “Maman, comment tu m’as fait, j’suis pas beau…” si si de l’avis général je suis beau! Mais je suis allergique! Allergique aux c.o.n.s, bon ça, qui ne le serait pas. Allergique au poil de 

Confiture de mots

Confiture de mots

Maintenant il n’est plus question d’acheter des confitures du commerce, il paraît. Bien que réticente au début, comme je vous l’ai raconté, de peur du botulisme soi-disant. Le botulisme! Je vous demande un peu ? Une dizaine de cas par an et, de toute façon, 

Couscous aux pêches

Couscous aux pêches

Eh oui, c’est la fête du travail, le muguet est fleuri et même fané, pâli, passé parce que la fête du Travail, c’est le 1er septembre !

L’été est presque fini. Les oies vont bientôt repasser. Les belles journées d’été finies, les outardes remettent leur pantalon. Finis les shorts et les jupettes. Finis les t-shirts et les camisoles. Finies les tenues légères et décontractées. Voici revenu le temps des pantalons et jupes de laines droites. Revenu le temps des chemisiers grand teint et des souliers vernis. Il faut repasser. Refaire le pli du pantalon. Resserrer le plissé soleil. Redresser le col affaissé.

Heureusement, il fait encore 26°. Parfois même 28°. Que dis-je 78,8° ! Presque 80° ! Ce n’est pas difficile, il faut retirer 32 et multiplier par 5/9. Comme vous voyez, rien de bien compliqué. Au bout du compte, on saute dans la piscine à 80° sans se frire les fesses et, quand on fait de la fièvre, on a 104°. Mais il y a pire, en degrés Kelvin, on aurait 313°K. Je ne sais pas où ils se thermomètrent le fondement en Kelvin, mais ils ont chaud, ceux-là.

Donc, il ne fait pas si froid et, si ce n’est pas encore le temps du pot au feu revigorant, ce serait bien le temps d’un petit couscous des familles. C’est vrai après tout le couscous, comme là-bas, ça se fait toute l’année, n’est-ce pas. Et, là-bas, toute l’année, il fait chaud.

J’ai acheté un kilo de paleron. J’aime bien le paleron, mais je veux le couper moi-même. Je vous rassure, pas sur la bête quand même. Bien que, vu ma svelte silhouette actuelle, l’habit de lumière me siérait à plaisir. Me serrerait un peu aussi néanmoins. Mais je ne me vois pas, avec le grand sabre, m’approchant du jeune taureau adolescent, pour une viande tendre à souhait, pour lui tailler, non pas une bavette, ils ne sont pas très causants à cet âge-là, mais un kilo de paleron dans l’épaule. Et oui, le paleron, c’est dans l’épaule. Vous voyiez ça dans la fesse, je suppose ? Pourtant ce n’est pas difficile: la tête, la joue, le collier, vous les placez ? La poitrine, les plates côtes ou le flanchet, ça va aussi. La culotte, c’est bon. Le gîte à la noix, il y a une bonne indication. Le filet et le faux-filet, ce sont les longs muscles de la colonne vertébrale, l’aloyau ou les bavettes, c’est juste en dessous. Si on descend encore, on a le jarret, la gite et la crosse, dans les pattes. Les jambes, c’est pour les chevaux et accessoirement les humanoïdes. Alors qu’est-ce qu’il nous reste ? La surlonge et le paleron, dans l’épaule de la brave bête.

Mais, au milieu de la pièce de paleron, il y a un gros amas tendineux et les bouchers, cela ne les gêne pas. Moi, j’aime des beaux cubes persillés sans excès alors je nettoie ma viande à grands coups de couteau, mais sans en perdre.

J’ai bien tout acheté sauf que j’ai oublié les pois chiches. Je suis chiche de faire le couscous sans eux, mais ce serait moins bien.

 Alors, nous sommes allés acheter des poids chiches et nous avons acheté des pêches. Non, ce n’est pas un effet du whisky japonais, ni Yamasaki, ni Nikka, c’est que les pêches n’étaient pas trop chères alors j’ai fait du couscous et de la confiture. La confiture, je vous la raconte une autre fois, mais, pour le couscous, c’était royal !
Comme on dit chez nous maintenant: “voi a comer”
À table !
Le fin des haricots

Le fin des haricots

26 $ le kilo ! Vous croyez que c’est possible ? Et les autres seulement 4 $. On en fait venir de France et on les vend 6 fois plus cher. En plus, ils sont obligatoirement moins frais. Le camion, l’avion, encore un camion, la mise en place, etc. 

Distillat numérique

Distillat numérique

Vous allez penser que je fais une “fixette” mais hier j’ai été tenté par des rollmops et je suis resté sur ma faim. Ils avaient l’air appétissants, mais il leurs manquait quelque chose. Pas seulement de ne pas avoir été faits avec amours, délices et 

La chatte, les harengs et les spaghettis

La chatte, les harengs et les spaghettis

C’est bien joli d’être un super pêcheur comme moi, mais ,même si on adore le poisson, quand le filet est rempli, ça déborde. Et des poissons de plus de 2 kg ça fait de la viande de poisson! Alors j’ai tout essayé, le grignotage, les amuses-bouches, les sandwichs, les pans-bagnats, les dagoberts belges à la mode des cousins des cousins, la salade composée et la salade décomposée ( la salade d’un côté, le poisson de l’autre ), les concombres au poisson fumé, délicat, les tomates farcies au poisson fumé, mais tout ça c’est du froid. L’autre soir, en regardant mon petit paquet de tomates séchées, j’ai eu une envie subite de quiche à la truite fumée. Mais, ça n’a pas duré, j’ai une réticence… Je ne sais pas pourquoi, mais les tartes au poisson cela ne m’inspire pas. Les pizzas aux fruits de mer, cela ne m’a jamais attiré. Les moules, les filets de truite, le saumon au four, le saumon au barbecue, le saumon en tartare, le saumon en papillote, les papillotes de poissons, tout ça je dévore. Le taramo salata, les oeufs de poisson à la grecque,  les bébés pieuvres en salade, même les harengs marinés, les harengs saurs, les bouffis, les gendarmes, les saurets ou sorets, tout ça j’aime ça.

Les harengs saurs! Une petite réminiscence du bon vieux temps, je me souviens quand mon oncle passait avec son camion. On ne se téléphonait pas à tout bout de champ dans ce temps-là et, un soir, on entendait le camion qui se stationnait en bas de l’immeuble et on savait que c’était lui parce que le bruit était insistant. Le camion s’arrêtait, mais pas son moteur. Un gros camion de mareyeur avec le compresseur pour maintenir la cargaison au frais, ça faisait pas mal de bruit dans la rue Vion. Les trains, nous avions l’habitude, la gare de triage à portée de porte-voix, mais un gros camion juste en bas c’était sûr que c’était Robert. Il montait, précédé de l’odeur de poisson imprégné dans ses vêtements, mais aussi dans le bois, la corde, la glace de la caisse pleine de poisson qu’il apportait. J’ai le souvenir précis de sa veste en mouton retourné, de ses joues mal rasées quand il m’embrassait, de son ton joyeux, toujours gentil. Je ne sais pas pourquoi l’autre souvenir, c’est Maman qui faisait des harengs marinés. Je n’aimais pas trop les harengs marinés, j’avais l’impression que c’était fourré aux arêtes, comme les anchois, une pelote d’arêtes avec un peu de sciure de mouche. Je revois le grand plat de harengs avec des oignons coupés en tranches. Mais j’associe ces mêmes harengs à une autre réminiscence très disparate. Je me souviens qu’on avait une chatte qui avait mis bas. C’était à Douai, les harengs en haut de l’escalier du garage, la chatte qui faisait des petits. Je me demande bien ce qu’on pouvait faire avec une chatte ? Je ne me souviens de rien d’autre à propos de cette chatte, ce qu’il s’était passé avant et pourquoi nous l’avions recueillie, ni ce qu’il s’est passé après. J’ai l’impression que c’est Papa qui l’avait ramenée.

C’était au printemps 68. Pas trop difficile à retenir cette date-là.

Mais donc le poisson, j’aime ça. Moi je mangerai bien plus souvent des sardines, des maquereaux, des éperlans, grillés. Je mangerai aussi de l’espadon, autre réminiscence d’une journée de pêche mémorable, de la raie au beurre noir, il paraît qu’on a plus le droit, même si on a encore le droit de respirer les exhalaisons des pots d’échappement. Heureusement, je peux manger des bulots, les crevettes, des homards, des huîtres, même si elles ne sont jamais aussi bonnes que celles de chez nous. Ici ce sont des grosses huîtres sans goût. Ils doivent les laver avant de les servir. Elles sont grasses, mais sans sel. C’est pour le régime! Ce sont des huîtres “diet”, “lite”, sans édulcorant, élevées dans la cuve où il fabrique le pseudo-fromage. Il devrait y mettre leurs enfants dans cette cuve là. Leurs enfants ils sont mal élevés alors cela ne pourrait qu’être mieux! Hier, il y en avait un sur la pelouse en face, je pense qu’il a soufflé dans un mirliton sans discontinuer pendant au moins 45 minutes! Moi, vous me connaissez j’ai mis le Stabat Mater de mon ami Vivaldi, chanté par Philippe Jarousski, j’étais sur la croix et ma mère me plaignait. Petit bonheur en passant… Mais quand même, leurs enfants, ils en font un fromage et ils feraient mieux de les faire mous et sans saveur.

Attendez-moi, je me remets le Vivaldi, ça me stimule.

Donc oui, la tarte à la truite fumée, je ne suis pas sûr. Alors, parce qu’il faut quand même lui trouver d’autres apprêts, j’ai décidé de me faire des spaghettis truite fumée. Un petit peu de crème, un petit peu de sel, beaucoup de truite, beaucoup de tabasco, pas mal de poivre et une tirade de sauce soja. Oui, je le sentais bien. D’abord, tout ça, même avec le demi-litre de tabasco, ça restait très blanc et sur les spaghettis bruns ça me semblait fade à l’oeil. J’avais l’impression que ces spag-là allaient me faire comme une botte de foin avec un peu de farine d’épeautre. Vous savez le truc pâteux, avec un accent très circonflexe, très gras, très étouffe-chrétien. Je ne me suis pas lancé du premier coup, genre : “allez, j’y vais et si ce n’est pas bon je jette”. Je n’ai pas été appris comme ça! Non, j’y suis allé mollo, un petit peu dans une cuillère pour tester. Eh bien, c’était pas mal. Ça arrondit le goût. Ça lui donne de l’ampleur. Ça rehausse le fumet. Bon pour la couleur c’est toujours botte de foin et son de sarrasin, mais avec un trait de tabasco pour la présentation, ça fera bien assez éclair de génie sur fond de réminiscences.

À table.

Spaghetti complets à la truite fumée
Spaghetti complets à la truite fumée
Crêpe à la louche

Crêpe à la louche

Le moins qu’on puisse dire c’est que si la Picardie est le pays de la pluie et du froid, ici là où “mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver”, il fait chaud. Le ciel ne dérougit pas. Le cagnard a les rayons de 

Fruits of the loom

Fruits of the loom

Vous vous dites, cette fois-ci, on espère qu’il ne va pas encore nous parler de pêche. Eh bien non, je vais vous parler de pêche. Je viens d’en manger une et elle était bonne! Tout le monde semble s’accorder à dire que les fruits de 

Le poireau du père l’ascèse

Le poireau du père l’ascèse

Vous savez ce qu’ils appellent “sacrifices” en anglais, plus exactement, en football américain, c’est un exercice stupide où on court de la ligne des buts vers la ligne des 10 m, on revient, on retourne vers la ligne des 20 m, etc. En fait, ce sont des yards, mais il n’y a pas trop de différence.

Eh bien, j’ai un peu l’impression que ce que je viens de faire. Une petite course à droite, une petite course à gauche, un pas vers le frigo, une galopade vers l’autre frigo, un sprint dans la roulotte pour trouver le plat que j’ai acheté, mais que bien sûr je ne trouve plus alors qu’il est juste sous mon nez. Une esquive vers l’ordi pour connaître le poids en gramme d’une “tasse” de farine.

Et oui, je n’ai pas de balance, je n’ai pas de robot, je n’ai pas de rouleau, je n’ai pas chamalow. C’est la popote, vous vous souvenez?

Donc une tasse de farine… Vous savez qu’ils mesurent tout en tasse, les américains et par conséquent les canadiens et donc les québécois… Comment on peut peser de la farine avec une tasse? Et de la farine ça peut aller, on met une tasse de farine, une demi-tasse de crème, un quart de tasse d’oeuf, un seizième de tasse de levure, une quarante-douzième de tasse de sel et on fait des crêpes, pardon des pancakes. Mais au hasard, pour la salade César, c’est le bazar! Une tasse de salade, tassée ou pas tassée? Ce n’est pas comme les oeufs, la salade tassée, c’est plus cher. Une demi-tasse de croûtons. Ça c’est comme le stère de bois qui réduit si on coupe les bûches en deux. Si les croûtons sont petits, il y en a plus, parce qu’il y a moins d’air dans la tasse. Elle ne manque pas d’air la recette. Un seizième de tasse de cholestérol. Une tasse à coudre de colorant. Oui la salade, elle est toute blanche, on dirait des endives, mais sans le goût. Et voilà une bonne recette bien bâclée que vous pourriez manger dans Monument Valley au restaurant de John Wayne du temps des vrais bons petits westerns. Nous y sommes allés, avec la Grande, et la tasse il ne devait pas connaître! Eux c’était au seau et ça avait autant de goût que le plastique mou que les québécois appellent du fromage. Et comme si cela ne suffisait pas, tout ce qu’il y avait à boire c’était de la bière insipide et sans alcool pour ne pas finir de détruire le foie des indiens environnants. Vous savez, comme dans le désert, vous voyez que du sable et si vous faites trois pas, il y a un bédouin qui essaie de vous refiler de la camelote “made in china”. Et bien , là c’est pareil, vous faites trois pas dans le désert de l’Arizona, (ça le fait non?) et de derrière un buisson sort un emplumé qui essaie de vous vendre un “dream catcher”, made in Taïwan.

Où j’en étais? Je perds le fil parce que je cours me resservir, c’est bon!

Ah oui, donc aujourd’hui c’était opération de salut publique: j’ai «ramené» deux poireaux de Montréal! Heureusement, les poireaux c’est de la famille des oignons, on enlève une couche ou deux et il est comme neuf.

Honnêtement, j’ai tergiversé et même j’ai procrastiné et dûment atermoyé pour au moins deux épaisseurs de poireau. J’avais peur!

J’ai regardé les balances. J’ai regardé les plats. J’ai regardé les ustensiles qui me semblaient utiles ou tout du moins nécessaires. Sans en trouver à mon goût ou à ma bourse! Il ne faut pas pousser non plus. Autant la quiche du jeudi est maintenant une tradition établie, autant ici, à la roulotte, il n’y a d’habitude ni de convention. Donc il me fallait me lancer malgré toutes les interrogations. Ce qui ne prend que quelques minutes au robot, est-il encore possible de le faire manuellement. Je vous rappelle les jeux olympiques de la carotte auxquels je n’ai résisté que grâce à ma dernière année d’entraînement intensif. Le four a-t-il la capacité à cuire un tel plat. Comment mesurer la farine?

Bon aller tant pis, j’y vais, la prochaine fois, ce sera plus facile.

Mon ordi me dit, en américain, qu’une “cup” c’est 125 grammes américains de farine américaine tous usages américains ou pas. Je le crois. J’en mets une et demie. Ensuite une tranche de beurre, zut, elle part un peu en sucette. Pas grave ce sera moins gras. Je la coupe en dés et maintenant, il suffit de faire du sable. J’y vais. Oups, j’ai oublié le sel. Un peu de sel, à la tasse, j’ai les mains poisseuses. Ça y est, il y a de la farine partout, sur la porte, sur la salière, sur l’évier, par terre. Heureusement, ce n’est pas grand.

Pour finir,ce n’est pas si mal.Ça se fait bien. Ensuite un peu d’eau froide. Je pétris. Je pétris. Et j’obtiens une belle boule. J’aurais pu mettre un peu plus d’eau. Faire revenir les poireaux,ça,a c’est facile. Allumer le four! Ah oui, la première année, je n’ai jamais réussi à l’allumer. Il m’a fallu deux ans. Sans blague. La veilleuse, ça va, mais c’est le brûleur. Pour moi, on poussait le bouton et “flushhhhh”, le brûleur s’enflammait! Et là rien à faire. J’attendais. J’attendais, mais plus j’attendais et plus je serrai les fesses. Je me disais ça va faire un grand “flushhhhh” et je vais me retrouver sans moustache, sans un poil, à poil peut-être, rôti, grillé, flambé! Et puis non, ça fait “pshittttt” comme un pétard mouillé et ça s’allume gentiment.

Et voilà le sacrifice qui arrive. J’ai bien couru de-ci de-là ,cahin-caha, mais il me reste une dernière longueur à faire! Obligé. Je dis bien “obligé” d’aller au dépanneur, acheter une bouteille de vin pour en faire un rouleau à pâtisserie manchot. Le dernier sacrifice! Abandonner une vie d’ascèse pour ne pas perdre deux poireaux!

Bon aller, le reste, pim pam poum, c’est trop facile.

À table!

popote à la roulotte: quiche aux poireaux
popote à la roulotte: quiche aux poireaux

Je vous mets une deuxième photo pour bien vous montrer le super-four !

popote à la roulotte: quiche aux poireaux à l'entrée du four
popote à la roulotte: quiche aux poireaux à l’entrée du four
La taille et la gamelle

La taille et la gamelle

Popote à la roulotte, c’est bien joli, mais là je ne sais pas quoi faire. Ça déborde, J’ai beau essayer dans tous les sens il n’y a rien à faire, ça ne tient pas. Je ne suis pas sûr que ce soit de la faute 

Délices d’Obama

Délices d’Obama

Aujourd’hui, repas à la mode de chez nous. Chez nous-chez nous. Un truc d’ici, quoi. Un machin bien américain. Bien que tout compte fait, le plus américain de tous, c’est censé être Obama, n’est-ce pas? Et je ne suis pas sûr qu’il en mange, Obama. 

Pain de l’Olympe

Pain de l’Olympe

Il faut que je vous raconte la boulangerie de Tadoussac.Le meilleur pain que j’ai mangé de toute ma vie. Je ne sais si c’est comme la pastèque, mais c’est le meilleur pain, point!

Vous ne connaissez pas l’effet de la pastèque? La pastèque c’est bon en vacances et en vacances seulement. Quand vous rentrez à la maison, la pastèque c’est plein d’eau, c’est plein de pépins, ça n’a pas de goût, ça coule partout, en deux mots comme en cent, c’est bof. Mais alors en vacances, la pastèque, c’est le nirvana. Ça doit être une question de pression atmosphérique, ou de latitude, ou de l’attitude, ou d’altitude, en tout cas, c’est vachement bon la pastèque, mais en vacances seulement.
Donc le pain de Tadou, c’est vachement bon. Il est frais, il est moelleux, il est goûteux, je dirais même plus, il est gouleyant. À Saint-Fulgence, sur la route de Chicoutimi, ils font du bon pain aussi, mais ce n’est pas la même chose. On sent que, même si c’est une petite boulangerie, aussi, ils font du pain commercial. Ils font du pain qui va plaire, plein de je ne sais pas quoi qui plaît, mais qui ne doit pas être bon pour le régime. Il est super moelleux, mais ça sent le factice. Il se dissout sous la dent. Le pain de Tadou, lui, il fond sur la langue. Il s’évapore dans une explosion de sensations gustatives inédites. Il fleure bon la nature, le naturel, la terre nourricière, le pain béni!

On disait, on chuchotait plutôt : « ce sont des boulangères ». Non pas les femmes de boulangers, mais des boulangères qui font le pain.

Donc ces mythiques boulangères faisaient le pain avec des graines choisies parmi les meilleures de la région. C’est ce qu’il se disait en tout cas. Les plus pures des valons avoisinants, les plus charnues que la terre de Québec avait pu nourrir. Comme la légende était belle. Comme l’idée du pain était pure. Comme le pain était bon. La légende rejoignant la réalité. Que demander de plus ?

Mais j’avais eu un premier choc, avant hier, alors qu’ayant toujours été accueilli par de joyeuses créatures pleinement féminines, un jeune éphèbe souriant m’avait servi. J’avais essayé de voir par dessus le comptoir si ces jambes ne se terminaient pas en sabots, satyre introduit dans le jardin d’Éden.

Tombant de Charybde en Scylla, ce matin la boutique en était pleine… Une armée de boulangers! Une armée de deux mais une armée quand même, à eux deux ils remplissaient la boutique! Cette fois pas de doute, des vrais hommes, des mitrons ou des gindres, je ne sais pas, mais en tout cas ils avaient du poil au menton et pour une boulangère cela ne se porte pas très bien. Comme dirait Hugo, ce fut ma Tristesse d’Olympio : ” Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !”

Alors est-ce que le pain, que je n’ai osé, de toute la journée, sortir de sa gangue de papier, a gardé toute sa fabuleuse saveur ou bien est-ce que la pastèque vient de me rattraper? Le pain des boulangères n’était-il qu’une vacance de mon âme esseulée? Les boulangers ont-ils tué la boule aux grains d’or.

Bon, de toute façon , je l’ai payé alors je vais le manger.

À Table!