Fruits of the loom

Vous vous dites, cette fois-ci, on espère qu’il ne va pas encore nous parler de pêche. Eh bien non, je vais vous parler de pêche.

Je viens d’en manger une et elle était bonne!

Tout le monde semble s’accorder à dire que les fruits de nos ripailles ne sont pas bénis. Que les fruits ont un goût amer de l’exploitation des peuples, des vergers, des engrais et autres pesticides. Les fruits de cette union ressemblent à une version moderne de la très ancienne colonisation. Puisque l’immonde Chine vous a volé la production des biens matériels basiques, régalez-nous des fruits incestueux de vos déserts et de notre eau. Vous faisiez travailler vos enfants à vil prix, ils font travailler un peuple tout entier pour moins cher encore.

Ils ont bien essayé de nous faire avaler des citrouilles pour les lanternes, chinoises, mais n’ayant pas réussi à forcer la nature à accepter de la sciure de bois, voire de la sciure de mélamine, dans les pommes, ils ont abandonné. Ne vous croyez pas sauvés pour autant. Pour faire diversion, ils ont exporté la culture de leurs fruits confus sur notre sol bien aimé. Les kiwis et autres caramboles, carambouilles je dirais, mangoustan, kumquat, litchi, fruits de la passion, fruits exotiques s’il en est, sont enfantés dans notre glaise. Verdun ne les a pas arrêtés. Ils polluent notre boue de leurs fruits défendus. Mais tout ça, c’est pour cacher les fruits intestinaux du chat. Les fruits tropicaux estampillés “made in France” en caractères chinois, sont une diversion. Ils vous envoient leurs aulx géants gonflés à l’herbicide. Les consommateurs ne le savent pas. Toutes les jolies tresses d’ail de vos gondoles sont mandarines. Ce sont les fruits chevronnés par des mains pékinoises, jaunies sous le harnais. Sous le joug de leur mari, le matin, elles leur arrangent la bobine, et sous le caparaçon, bien plus lourd, de trapus magots magnats, elles vous tissent les condiments.

Pire encore, las d’essayer de nous faire avaler leurs tomates difformes des coups de pied au cul qu’ils distribuent à leurs exclaves, pire que les ex-esclaves. Ils nous les envoient en purée. Purée de nous autres! Une tomate fruit, ça devrait être fait de 100% de tomate. Le hamburger de McDo, c’est 100% du boeuf mais ce n’est pas 100% de la viande. Et bien la purée de tomate, ça n’a même pas besoin d’être 100% de tomates qui n’étaient plus à 100% elles-mêmes. Vos raviolis à la tomate, votre sauce tomate basilique, votre pistou de la mamma, ce ne sont que des ersatz de fruits bridés. On y arrivera! Soleil vert était prophétique! Nous finirons bien par nous bouffer les uns, les autres et je vous le prédis, il sera jaune, le fruit du soleil levant.

Ma pêche à chair blanche, pitié pas à chair jaune, elle était vraiment bonne. Goûteuse, juteuse, ferme sans être dure. Parfaite. J’en avais acheté quatre. Et c’est ça le problème. On en achète que quatre de peur qu’elles soient passables ou pire. Si elles sont bonnes, ce n’est pas la peine de courir en rechercher, ce ne sont déjà plus les mêmes. Mais non, je galèje, c’est le fruit de mon imagination débordée, les fruits vénéneux de multiples désillusions, les fruits amers de bouchées aléatoires, les fruits véreux d’orbes gâtés. On en trouve de bons fruits! Par exemple, de février à fin mars, il faut prendre les oranges navel, de début mars à mi-avril ce sont les jaffa, les meilleures. Les pommes Galas sont à leur summum de novembre à janvier. En juillet, le gros raisin blanc est succulent. Les poires ont du mal à mûrir, mais les Comices, pas agricoles celles-là, ne sont pas mal en octobre et les passe-crassanes en janvier.

Vous ne savez pas? Je vais faire une application pour iPhone qui va traquer les bonnes périodes. Chacun pourra dire: j’ai acheté des poires d’Anjou, des abricots d’Espagne ou du Mexique, les mangues du Brésil ou les ananas du Surinam aujourd’hui et ils sont bons! Oubliez les oranges à jus desséchées. Laissez moisir les fraises pleines d’eau.

Ce sera la révolution. Thermidor après Pluviôse. Messidor est venu, ce sont les beaux jours de Fructidor.

Achetez des fruits! Recommandez des fruits! Partagez le fruit de vos réflexions sur les fruits de vos étals! Tissez la toile des amateurs de fruits!

À table!

Je voulais vous parler de mon cerisier mais j'ai oublié...
Je voulais vous parler de mon cerisier mais j’ai oublié…

PS bon allez je vous le dis: “loom” veut dire “métier à tisser”. Donc métier à tisser et toile, toile et internet, vous voyez le chemin tortueux, les fruits du hazard des palpitations de mon cerveau débridé (sic). Et d’ailleurs, si vous vous souvenez, c’était une grande marque de vêtements et de sous-vêtements très confortables dont le logo était une coupe de fruits!

PPS alors j’ai utilisé le mot “fruit”, combien de fois? je n’ai pas peur des répétitions! 29 fois… et un petit “fruit” pour faire trente