Ce voyage c’est « Le sacre du printemps » de Stravinsky. On sent bien que c’est de la musique et en même temps ce n’en est pas, en tout cas au sens classique de la musique comme on l’entendrait d’un Vivaldi ou d’un Mozart. Il se passe toujours quelque chose et en même temps, il ne se passe rien. On attend, comme je l’ai fait à Toronto, longtemps, trop longtemps, et d’un seul coup les timbales se déchaînent, c’est le temps de monter dans l’avion. Un long murmure, c’est le vol qui s’étire paresseusement. Soubresauts dans les graves, l’avion atterrit. Accélérations dissonantes, nous sommes poussés sans ménagement vers une nouvelle fouille sur le chemin de la correspondance. Fulgurances des cordes, c’est la débauche de boutiques de luxe à Hong Kong. Chaumet, Tag Heuer, Chanel et Vuitton sur deux étages, Longchamp, Versace… ils sont tous là en rang d’oignons. Comme si tous les passagers avaient des valises pleines de billets prêts à être dépensés. Phrases répétitives, une autre attente, un nouveau vol et la destination est à portée de main.
« La musique n’exprime rien » dira Stravinsky. Elle me raconte ça à moi à cet instant, elle vous racontera autre chose quand vous le réécouterez, mais il est vrai que dans le genre c’est un voyage comme aucun fait auparavant.