Tarte rebelle

Pas encore, une quiche aux poireaux!

Ce soir, je fais le rebelle!

Je rigole parce qu’on a un soi-disant cuisinier rebelle à la télé qui, pour attributs principaux, arbore des tatouages. Et ce sont ces “petits bonhommes” (sans le ‘s’ central, comme les québécois appellent les dessins animés) qui font de lui un rebelle. Comme tout le monde est tatoué maintenant, on est plus rebelle de ne pas l’être que de l’être.

À la boulangerie, il y a une jeune fille qui était “très bien, comme il faut”, mignonne, gentille. Un jour, un papillon lui apparaît sur le bras. Très joli, le papillon, gracieux, éthéré, délicat, expertement dessiné, aux couleurs douces et franches. C’était bien la première fois que je voyais un tatouage aussi coloré ou, plutôt, avec une utilisation aussi subtile de la couleur. Mais le papillon a pris ses aises, il est sorti de son cocon. Au début, il avait quelques feuilles pour se percher, mais bientôt le roncier au complet a pris la place sur tout le bras. Il a brouté les cheveux, pour autant qu’un papillon puisse le faire, mais après tout un papillon virtuel et épidermique, ça doit avoir des capacités spéciales. Les cheveux ont subi le grand fauchage de la moissonneuse-batteuse, pour ne laisser qu’un crête orange et hirsute. Puis, certainement pour mieux s’accrocher, de branche en branche, des anneaux sont apparus de-ci de-là. D’un délicat Botticelli, on en est arrivé à des graffitis envahissants. Pauvres parents!

En attendant le cuisinier soi-disant rebelle n’est qu’un gros plouc qui croit avoir une particularité qu’il n’a pas. Pour ce qui est de sa cuisine, pour ce que j’en ai vu, il pourrait être juste tatoué cela serait suffisant.

Cela dit, ce soir, j’ai décidé de ne pas faire comme moi-même. Je suis rebelle à mes propres rébellions.

Je commence par jeter les tranches de carottes dans l’huile. J’ai bien commencé par éplucher les oignons mais ils attendront. Un sursaut d’habitude me surprend à mettre un peu de raz-el-hanout, carottes et patates douces même combat. Quand elles se sont bien attendries sur le gaz, j’ajoute les oignons. J’ai mis deux belles tomates dans l’eau chaude pour les peler. Je les ajoute en gros morceaux. Un peu de coriandre et deux petites courgettes viennent compléter. Je laisse revenir doucement.

Pendant ce temps-là, je fais de la pâte avec cette fois-ci de la farine d’avoine. J’aime ça, les farines avec un goût. À force de tests, je me suis rendu compte que, contrairement à la farine de blé, elles n’ont pas la même capacité à s’agglomérer pour faire une pâte solide alors je coupe avec un peu de farine non blanchie. Habituellement, j’essaie 2/3 de farine exotique pour 1/3 de farine banale. Ensuite je pétris à la main et j’ajoute encore un peu de farine commune jusqu’à obtention de la pâte idéale.

Finalement, comme je sais que ma garniture sera un peu “molle”, j’ajoute une petite cuillère de fécule de maïs à mon appareil, de crème et d’oeufs, pour l’épaissir.

Au final, tout le monde en a mangé et s’est régalé, que demander de plus.

tarte légumes