Soupe aux poireaux

J’ai dit que je faisais la cuisine de tous les jours. L’humble cuisine circadienne dont on n’entend guère parler. La cuisine du tout venant. Le « fourre-z-y-tout » diront certains.

Elle est simple. Elle se doit d’être efficace. La ménagère n’a que faire de recettes somptueuses ou somptuaires. Simple et nourrissant, voilà la devise du pain quotidien.

Donc pour la soupe aux poireaux rien de plus simple : un poireau, deux ou trois patates et de l’eau. Elles ne peuvent pas être « pommes de terre », ces racines de la simplicité. Imaginez la recette avec une alliacée liliflore et des tubercules de convolvulacée. Déjà, allier des monocotylédones et des dicotylédones, cela ressemble à un mariage arrangé, un mariage mixte, que dis-je un mariage voué à l’échec. Et puis avec des noms pareils, comment choisir l’Individu : les cinq pétales sont ils parfaitement soudés ou suis-je tombé sur une plante dissidente; la plantule avait-elle bien ses deux cotylédons pour que la soupe prenne ? Sans aller jusque-là, une ratte souffrirait-elle l’infamie de passer du Touquet à la potée, une roseval rougirait certainement de quitter son gratin et une vitelotte bleuirait encore, s’il en est besoin, de s’allier à une plante qui n’arrive pas à se décider entre vert et bleu !

Donc « patate et porreau », de l’eau, et en avant cocotte ! 10 minutes et basta.

Sel, poivre et crème pour les aventuriers de la balance.

À table !