Double festin

Aujourd’hui j’ai réalisé un PR!

Vous ne savez pas ce que c’est? Bon c’est vrai que c’est un anglicisme, la grande va me taper sur le bout des doigts. Ouille!

Je recommence ma phrase: aujourd’hui j’ai atteint un un nouveau RP!

Ah non, ça non plus vous ne savez pas? Pourtant c’est du français (presque).

Bon allez je vous aide, je me suis dépassé pour atteindre un “Record Personnel”, “Personal Record” en anglais.

Je vous fait de la cuisine sportive. Comme tout le monde le sait, je me suis lancé dans le crossfit, à corps perdu bien sûr!

Non je n’ai pas fait un nouveau record au développé couché, ni aux haussements d’épaules, encore moins au tirage vertical, ni aux pompes, non plus au rameur, et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé, ni à la corde à sauter, ça je suis vraiment “poche” comme on dit ici. Donc ni au gym, ni au crossfit mais bien dans la cuisine!

Oui, j’ai fait DEUX nouvelles recettes!

Ce n’est pas que je ne veuille pas essayer de nouveaux ingrédients ou de nouvelles préparations mais il y a de la résistance à la table. Au squats, je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même, si je ne mets pas plus de poids, je ne progresse pas. Il faut bien doser son effort, prévoir, améliorer sa technique. On est content quand la série est belle et complète. À la table, j’aime que tout le monde soit heureux, en l’occurrence “heureuses”. La moindre grimace et mon plaisir est mitigé. Avec un haltère, si je triche le moindrement, ne serait-ce qu’en levant le talon ou en aidant d’un petit “swing”, je sais que je n’ai pas rempli mon contrat. En cuisine, les indicateurs peuvent être tout aussi subtiles, un peu trop de reste dans l’assiette, un peu de chipotage, un légère lenteur dans l’ingestion, l’eau pour faire passer et la recette a fait long feu. La sanction est impitoyable, la recette part au pilon, c’est l’autodafé! La recette au pilori et le cuisinier au supplice!

Alors, je m’adapte, je fignole, je parfais, je parachève, je cisèle! Je lave le riz plus longtemps pour qu’il ne colle pas. Comme il est “étuvé” cela ne change rien mais j’ai l’impression que c’est mieux. Je minute les temps de cuisson, une seconde de moins sur les brocolis, une seconde de plus sur les pâtes “al dente”. Je m’autorise aussi quelques dérapages, une lampée de piment dans la soupe, un bon gros morceau de gingembre  haché dans les tagliatelles, un banane dans la compote. L’autre jour, j’ai eu une pulsion de mangue dans la compote, mais j’ai dû résister de peur que cela ne fut trop visible! Tout est bon tout le monde se pourlèche mais c’est “trad”. J’ai l’impression d’entendre le  bourdon du biniou sur ma cuisine, une note de fond un peu nasillarde. La bombarde pousse un couac de temps en temps pour aciduler le contrechant mais la vielle ramène le train-train culinaire dans sa course sous le vent.Comme je ne suis pas homme à me laisser porter par le courant, j’ai décider de virer de bord et de remonter en tirant des ris et des coups de canon! Non je ne vais pas naviguer au près, au largue, grand ou petit, je suis parti vent debout!

 

Tiens allez je vous fait un court cours sur le riz:

– paddy: le riz juste récolté avec son écorce

– diététique: 75% de sucre lents, 8% de protéines, pas de gluten

– parfumé: c’est le riz lui même et non des saveurs ajoutées