Risotto citron et crevettes

En ce moment, je suis dans ma période Chopin et Martha Argerich. Avant j’étais Bach, le Clavier bien tempéré et, la géographie aidant, Glenn Gould. Il ne vous a pas échappé que le principe commun est le monologue pianistique. De temps en temps, une variation orchestrale, une envolée accompagnée. Le piano reste le centre, mais n’apparaît qu’au débouché d’une clairière, jalonne son chemin et s’envole au besoin.
Ce soir, c’est ce que je voulais, une note soutenue, le printemps n’est pas encore là, pas vraiment, mais il est temps de renouer avec la fraîcheur des goûts.
Pour faire plaisir à tout le monde, du riz, de l’arborio, grains ronds, saveur souple et croquante. Pour les protéines, des crevettes. Des crevettes du Québec, s’il vous plaît. Des crevettes de Matane! De vraies crevettes avec du goût. Et pour la note soutenue, du citron. Je n’ai pas pris des oignons pour ne pas tuer le citron, mais des échalotes, j’ai mis un peu de persil en flocons, mais il manquait quelque chose quand même. Du frais, encore du frais. De l’éclatant. Les pizzicati du palais. Plonger dans le piano et frapper les cordes directement.
C’était plus du Bach que du Chopin: près du piano, mouvements limités, polyphonie forte, romantisme langoureux, du Gould assurément; moi je voulais du Chopin, je voulais L’Étude en Ut mineur opus 10 n°12, je voulais le Bombardement de Varsovie, l’étude révolutionnaire!(*)
Elles ont aimé, c’est le principal.
À table!

Pour ceux qui n’auraient pas goûté tous les détails de mon propos, l’étude de Chopin Opus 10 N°12, appelé ” Révolutionnaire” ou “Bombardement de Varsovie”, a la particularité d’avoir une main gauche qui joue une mélodie beaucoup plus évoluée que le soutien qui lui est habituellement dévolu. On peut le voir et l’entendre sur cette vidéo.